Sur les traces de Georges Couderc
Cet automne, nous avons commencé les récoltes d'agrumes au jardin : yuzus , mandrines satsuma (Citrus unshiu), kumquat, et pour l'esthétique uniquement les petits fruits de Poncirus trifoliata "Flying dragon". Tous sont cultivés en pleine terre au jardin et résistent à nos hivers privadois mais sont très rarement cultivés dans les jardins de la région.
Il y a déjà quelques années j'avais fait des recherches sur la culture des agrumes résistants au froid et j’étais tombé sur les expérimentations ardéchoises de Georges Couderc. Il y a 100 ans, cet ingénieur agronome, faisait des recherches à Aubenas, à une trentaine de km de notre jardin sur la culture des agrumes rustiques :
Voici quelques éléments extraits de différents ouvrages, très intéressants que j'avais pu retrouver sur ses recherches à quelques km d'ici.
Un question demeure cependant : Que reste-t-il de ce jardin d'expérimentation aujoud'hui?
Citrus junos au jardin |
Il y a déjà quelques années j'avais fait des recherches sur la culture des agrumes résistants au froid et j’étais tombé sur les expérimentations ardéchoises de Georges Couderc. Il y a 100 ans, cet ingénieur agronome, faisait des recherches à Aubenas, à une trentaine de km de notre jardin sur la culture des agrumes rustiques :
Voici quelques éléments extraits de différents ouvrages, très intéressants que j'avais pu retrouver sur ses recherches à quelques km d'ici.
Georges COUDERC
1850-1928
Son père passionné de nature,
achète une partie de la colline de Champfleuri au sud de la ville d’Aubenas
(quartier de la Pailhouse), où il consacra ses loisirs à l'horticulture et à l'arboriculture, en particulier à
l'hybridation des rosiers.
Georges Couderc fait de solides
études lorsque le phylloxéra commence à attaquer le vignoble français.
En 1876, il fait ses premières
recherches en s’installant sur le domaine familial de Champfleuri. Il eut
l'idée de transformer ses propriétés en champs d'expériences
antiphylloxériques. Il y rassembla une multitude de vignes européennes,
américaines et asiatiques, créant ainsi une des plus belles collections du
monde ; il obtint des séries remarquables de porte-greffes dont la résistance au phylloxéra est indéniable et qui sauva du désastre la viticulture française. Il
fut ainsi le principal artisan de la transformation du vignoble français, le
créateur des hybrides porte-greffes actuellement les plus employés, non
seulement en France, mais dans presque toute l'Europe.
Les vignes hybrides de Couderc
sont connues dans le monde entier, mais peu de personnes savent que le même
sélectionneur a aussi consacré une partie de son temps, 35 ans, à acclimater
dans son jardin d'Aubenas, des orangers et des agrumes résistants au froid (dont
certains résisteront au terrible hiver 1928-1929 avec -17°), et pouvant être
cultivés en pleine terre à la limite du climat de l'olivier.
Son jardin situé à 200 m.
d'altitude, au pied des Cévennes, sur un sol légèrement calcaire, de 5 ha, exposé au sud, en pente
douce depuis la maison d'habitation dont les murs sont garnis de grands
végétaux exotiques et notamment d'orangers et de mandariniers, jusqu'à la gare
d'Aubenas.
Des serres servent aux semis, à
la reprise des boutures et des greffes, à la culture des arbres fruitiers
exotiques (chérimoliers, bananiers et ananas …) auxquels M. Gouderc consacre
ses loisirs.
Dans le jardin proprement dit,
des arbres fruitiers de toutes sortes voisinent dans un remarquable désordre : poiriers, pruniers, pommiers, pêchers, oliviers, agrumes, kakis, châtaigniers, noyers, vivent ainsi les uns près des autres.
Vers 1910, son attention ayant
été attirée par la résistance au froid d'un mandarinier de semis qui, depuis
1890, avait supporté sans abri les froids les plus rigoureux, il rassembla dans
son jardin une foule d'espèces et de variétés d'agrumes de tous les points du
globe et leur appliquant les méthodes de sélection et d'hybridation qui, trente
ans auparavant lui avaient si bien réussi pour la vigne, il obtint toute une
série d'orangers et de citronniers produisant des fruits de bonne qualité et
résistant pratiquement aux intempéries de l'hiver. De plus, il constata que le
greffage sur Poncirus trifoliata augmentait de plusieurs degrés la résistance
au froid et accroissait aussi la production de fleurs, constatations d'un
intérêt économique considérable pour le sud est de la France où la culture de
l'oranger pour la fleur se fait sur de vastes surfaces.
« A la date du 2 décembre 1921,
pendant une période de fortes gelées, nous avons reçu au Laboratoire
d'Agronomie coloniale, expédiées par M. G. Couderc, d'Aubenas (Ardèche), des
fruits d'Aurantiacée encore adhérents à leurs rameaux feuilles et en parfait
état. Ces fruits ayant l'aspect de mandarines ou de petites oranges furent
présentés à la séance de la Société d'Acclimatation du 8 décembre ; dégustés ils
furent trouvés excellents par tous les assistants, comparables aux meilleures
mandarines vendues à Paris.
Nous avons examiné les fruits et
les rameaux qui les accompagnaient et d'après cette étude et l'expérience que
nous avons des agrumes des pays tropicaux nous pensons que l’unshu est un
hybride de mandarinier et d'oranger. Ce qui fait l'intérêt de l'Unshu, c'est sa
résistance extraordinaire au froid. D'après les renseignements reçus du Japon,
l'Unshu est cultivé dans la région montagneuse, et les arbustes bas, étalés,
passent trois mois sous la neige; ils sont simplement couverts de bambous et de
feuilles. L’Unshu est très voisin du Satsuma qui est une variété plus
sélectionnée et de meilleur aspect. L'Unshu et le Satsuma ne prospèrent que
greffés sur poncirus »
M. Couderc signale que ses
orangers cultivés dans sa propriété d'Aubenas greffés sur poncirus, ont supporté -8°C, de froid sur l'arbre en 1921; en 1920 ils avaient
supporté -12°C et en 1915, -14°C. A cette température les oranges avaient gelé ;
mais les orangers n'avaient pas souffert.
Les expériences de M. Couderc ont
montré que les différences individuelles, même pour le groupe spécial des orangers du Japon, en majorité très résistants, priment de beaucoup la
résistance spécifique. La méthode pour obtenir des types résistants consiste
donc à semer en pleine terre un grand nombre de pépins d'orangers, mandariniers
et autres citrus. Dès que surviennent des gelées rigoureuses la plupart des
sujets sont éliminés par le froid.
Une première sélection s'opère
ainsi. Les sujets qui ont résisté sont ensuite greffés sur poncirus. Ils acquièrent ainsi un nouveau degré de résistance. M.
Couderc estime que sur ce porte-greffe l'agrume peut supporter un froid de 5°C plus bas que s'il était franc de pied.
Les agrumes originaires du Japon
ont été plus particulièrement l'objet de ses expérience:
En premier lieu on doit citer
l'espèce pure Citrus japonica qui normalement a de très petits fruits
ronds et sa variété Kum-Kat à fruits plus gros, pyriformes, et d'une résistance
générale très élevée. Les fruits sont bons à manger, à peau douce et parfumée
et à chair incolore, sucrée et acidulée. Ils sont très supérieurs « aux Chinois
» pour la confiserie.
En second lieu c'est aux orangers
du Japon dits Satsuma et Unschu que M. Couderc a donné toute son attention et
avec lesquels il a obtenu des résultats très remarquables. Les fruits ont la
forme aplatie aux pôles et la pelure non
adhérente à la pulpe comme dans les mandarines, mais un parfum très
différent et spécial. La chair des fruits est douce, fondante, très parfumée,
surtout dans le Unschu, mais le- parfum est très différent de celui des
mandarines .
Les fruits gèlent entre -7°C et
-8°C et les feuilles sont grillées vers -12°C : mais les branches sont intactes
jusqu'à -14°C, température qui n'a pas été dépassée à Aubenas depuis le début
des expériences.
Le Satsuma greffé sur poncirus reste toujours nain ; il est rare qu'il dépasse 1 m. 50 de hauteur, mais il est
très fertile, il produit tous les ans : certaines branches sont littéralement
chargées de fruits. Unschu paraît au contraire devoir devenir un grand arbre.
Unschu et Satsuma mûrissent en décembre, mais leurs fruits peuvent être
consommés encore tout verts, dès octobre pour les fruits les plus avancés. Ils
ont alors une saveur plus acidulée mais sont très mangeables ainsi que nous
l'avons constaté à Aubenas dès le 1er octobre 1922.
le problème de la culture
pratique de l'oranger sous le climat de l'olivier consiste à avoir des variétés
précoces qui, comme Unshu et Satsuma puissent mûrir leurs fruits avant les
grands froids de fin décembre et janvier.
Aucun citronnier soit des
variétés cultivées, soit des nombreux semis faits par M. Couderc, n'est
résistant au froid
Des graines de pamplemousses
reçues de Shanghai, ont donné des pieds de semis qui paraissent tous d'une
grande résistance au froid. Les pamplemousses, à feuilles parfois comme
trilobées, sont d'ailleurs cultivées en plein air à Changhaï, dont le climat
n'est pas plus tempéré que celui d'Aubenas.
Quant aux Citranges et Limonanges
(hybrides de poncirus et d'orangers et de citronniers), M. Couderc en cultive
dans son jardin plusieurs formes qui résistent remarquablement aux gelées. Ils
sont plus robustes que les japonais greffés et même que le poncirus ; ils
se couvrent chaque année de nombreux et beaux fruits, ayant chez certaines
formes la dimension d'une orange ordinaire, mais suivant M. Couderc ce sont des
fruits immangeables «le Poncirus y
apportant une amertume et un goût vireux insupportables, même dans les hybrides
qui n'en contiennent qu'un quart de sang. »
Le semis des graines de poncirus en vue du greffage ne présente aucune difficulté ; il
suffit de se rappeler seulement que les graines de toutes les agrumes
perdent très vite leurs facultés germinatives dès qu'elles sèchent tant soit
peu. Elles doivent donc être conservées, soit dans les fruits eux-mêmes, qu'on
laisse se dessécher lentement, soit mises en stratification dans du sable maintenu humide dans un lieu froid,
mais où il ne gèle pas. Le poncirus resiste jusqu'à -25°C.
Poncirus trifoliata "Flying dragon" au jardin |
Selon G. Couderc, le greffage des agrumes sur
poncirus permettra d'étendre leur culture, du moins celle d'individus plus
résistants au froid que la moyenne de chaque espèce, notamment les races
japonaises dites Kum-Kat, Satsuma et Unshu à toute la zone de l'olivier.
Sous le nom de Satsuma, il
possède une forme améliorée d'Unshiu, fruit ayant l'apparence d'une mandarine
à chair très colorée, même quand la peau est encore verte, pas de graine. Le
Satsuma même vert est très agréable consommé coupé en tranches, en salade, avec
du sucre et du rhum.
mandarine satsuma au jardin |
mandarine satsuma au jardin |
Un question demeure cependant : Que reste-t-il de ce jardin d'expérimentation aujoud'hui?
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